PHOTOGRAPHIE PLASTICIENNE

Ce qui différencie la photographie plasticienne de la photographie traditionnelle ? 
Au-delà des critères purement esthétiques présents dans ces 2 types de pratique, la photographie plasticienne amène le spectateur à aller au-delà de ce que ses sens lui ont appris, à s'interroger sur ce qu'il est en train de regarder et à amorcer une réflexion sur différentes questions sous-jacentes d'ordre esthétique, technique, voire écologique, politique et philosophique. Par le biais du thème traité, du sujet photographié, de la manière dont il a été photographié, le spectateur est amené à questionner le lien qui relie la photographie à la "réalité" ainsi que sa propre conception du "réel" et du rôle de la photographie. 

Exploration II

Photo aérienne ? Photo satellite ? Photographies ou gravures ? Ici le spectateur est invité à voyager dans des paysages nocturnes dont il ignore la localisation  et l'échelle et à s'interroger sur le point de vue choisi par le photographe. 

Exploration du vivant

Cette série a pour objectif de rendre perceptible un phénomène resté longtemps invisible : l’impact de l’activité humaine sur les océans. Les vélelles font partie du macro-plancton gélatineux de l’océan, comme les méduses, les cténaires et les physalies. Elles sont munies de voiles et voguent au gré des vents au milieu de l’océan. 

Mais depuis quelques décennies, le réchauffement de l’océan, son eutrophisation et la surpêche de leurs prédateurs ont favorisé leur multiplication, et de violentes tempêtes dues au dérèglement climatique les projettent sur les côtes, où elles meurent par milliers.

« Exploration du vivant » joue sur la lumière, l’échelle et la transparence graphique des squelettes cartilagineux des vélelles pour explorer plastiquement cette lisière ténue entre visible et invisible et inviter l’humain à se repositionner par rapport au vivant qui l’entoure et avec lequel il interagit pour le meilleur et pour le pire.  

A-pesanteur

Les traces du vivant sont partout, si nombreuses que la plupart des gens ne les remarquent pas. Pourtant nos vies et toutes ces formes de vie si banales en apparence  

sont interconnectées. Comment les magnifier pour leur rendre la visibilité qu'elles méritent? J'ai choisi de leur donner une dimension poétique en les photographiant en lévitation, introduisant ainsi un dialogue entre les sujets photographiés et leurs ombres improbables.

Invitation au voyage

Dans cette série de paysages, je souhaitais rendre visible la dimension temporelle inhérente à toute photographie, soit en intégrant au paysage la vitesse de déplacement du photographe, soit au contraire en figeant le paysage dans des brumes qui fusionnent le ciel avec la terre ou la mer. J'ai été frappée par la dimension onirique de ces nouveaux clichés qui respirent le calme et la sérénité.

Hellish

Dans cette série aux couleurs éclatantes, en totale opposition avec la douceur de la série précédente, j'ai créé des visions dantesques, échos de mes préoccupations vis à vis d'un phénomène qui nous concerne tous : le réchauffement climatique, qui commence à faire suffoquer notre planète.

Jusant

Pour ce projet photographique, je suis allée répertorier les traces et résidus laissés par la mer sur la plage à marée basse afin de créer des paysages organiques sans horizon, entre figuratif et abstraction, qui permettent de jeter le trouble dans l’esprit du regardeur : Qu’est-ce qui est représenté ? Quel est le sujet ? Quelle est l’échelle ? Est-ce en creux, est-ce en relief ? 

Le support, un papier mat, amène également le spectateur à se poser la question du médium : estampes ou photographies ? Le grain est-il dans le sujet ou dans la pixellisation de l’image ?

Ailleurs est ici

Dans cette série, j'ai utilisé le procédé de l'effacement pour faire de chacune de ces photos une porte d'entrée vers un monde onirique ou surréaliste.

Aqua Vitae

Dans ma vision des choses, l’eau qui court dans les rivières n’est pas qu’un des supports de la vie, elle en est la métaphore : à la fois visible et insaisissable, elle peut être calme et paisible par moments, ou tumultueuse et tourbillonnante lorsqu’elle rencontre une pente. Si elle se fracasse sur les obstacles, elle les franchit néanmoins car rien ne l’arrête. 

C’est cette vivacité emblématique de l’eau que j’ai essayé de capturer dans ces photos de la rivière Cheonggyecheon à Séoul.

Forêts intertidales

Ici encore, les forêts offertes au regard du spectateur ont pour objectif de semer le trouble dans  son esprit : quels sont ces paysages fantomatiques? S'agit-il vraiment d'arbres ?  Quelle est l'échelle ? Où ces photos ont-elles pu être prises?  Est-ce que ce sont vraiment des photographies ou ne serait-ce pas des gravures ?